Qu’est ce qui nous fatigue autant ?

Le mal du siècle.

Fatigué, lessivé, crevé, épuisé… qui n’a pas posé l’un de ces mots sur son état récemment ?
Alors oui, le travail, les soucis, la fameuse charge mentale… sont sans doute les fleurs du bouquet de la fatigue. Mais pas que.
Chez des Ressources & des Hommes, nous avons dans notre réseau d’intervenants Eric FIAT, philosophe entre autre spécialisé en éthique médicale. Il a écrit une « Ode à la fatigue » récemment sortie en poche.
Dans l’émission de France Inter L’Heure Philo en novembre dernier, il explique à mots très simples ce qui nous accable de fatigue, en distinguant (à l’instar du sketch des Inconnus :-)) la bonne fatigue de la mauvaise.

« Mais pourquoi tant de veille ?! »

Notre vie moderne et la course effrénée que nous nous livrons avec nous même, ainsi que notre recherche de performance nous éloignent du sommeil du juste. Nous sommes dans une culture de la veille, et en dignes héritiers du siècle des lumières, nous sommes en quelques sortes piégés dans un besoin de contrôle et de mouvement, qui nous éloigne de l’obscurité. 
L’obscurité, le silence, et l’abandon sont les pré requis du consentement au sommeil, explique Georges Vigarello, autre philosophe contemporain. C’est d’après lui un « temps animal », qui échappe au contrôle, et nous ramène à notre condition la plus vulnérable. Bien loin de la frénésie de performance vers laquelle nous sommes poussés.

Dormir pour se reposer du fardeau d’être soi

Eric FIAT explique que nous venons au monde sans le mode d’emploi de notre humanité. A l’inverse des endives, des phacochères… et autres espèces qui ont juste besoin d’être pour accomplir leur devoir d’endive ou de phacochère :-). L’être humain doit cent fois sur le métier remettre son ouvrage, et chaque jour,  chaque minute, trouver le moyen de s’accomplir et de trouver sa place… dans un monde « kaléidoscopique », qui change de couleur et de forme en permanence.

C’est d’après lui cet exercice qui est usant, et constitue une fatigue morale, une fatigue de l’âme, que même le sommeil n’efface pas tout à fait.

Lorsque la vie, l’environnement, le travail.. permet de donner du sens à cette quête (trouver sa place et son utilité au monde), alors la fatigue est tout autre et moins pesante. 

Ces quelques lignes ont vulgarisé (à l’excès sans doute) le propos de notre « philosophe de service » comme il aime à être appelé. Aussi nous vous recommandons chaudement la lecture de son ouvrage, ou le podcast des ses nombreuses interventions, dont celle-ci par exemple.

Et puisque « l’angoisse fatigue, et la joie défatigue », nous vous souhaitons de la joie, de la joie, et encore de la joie.