L’outplacement

ou comment « le travail que j’ai perdu m’a aidé à trouver celui que je devais faire » 

Parker Palmer

Article écrit par des Ressources et des Hommes, et paru dans Matot Braine le 19/02/18

Si l’entreprise pense à se faire aider en matière de recrutement, parce que l’enjeu est à venir, elle ne s’équipe pas toujours aussi efficacement pour se séparer d’un collaborateur avec lequel, pour une raison ou une autre, le chemin s’arrête. Pourtant l’outplacement (qui vise à accompagner au retour à l’emploi un salarié dès sa sortie) présente des avantages et sécurise chacune des parties.

Côté employeur, le bénéfice à se séparer proprement d’un collaborateur dont l’entreprise ne veut plus n’apparait pas forcément au premier regard. Pourtant, proposer un outplacement présente un intérêt, malgré le coût financier. Tout d’abord à l’intérieur de la structure. Quel que soit le motif du départ du collaborateur, afficher une démarche sincère d’accompagner une sortie raisonne comme un signal fort de volonté d’apaisement social. A l’extérieur de l’entreprise, avoir un ou plusieurs anciens qui gravitent, tournent et peinent sur le marché du travail n’amène pas une image valorisante pour la société. Et puis, le business étant ce qu’il est, surtout dans certains domaines où par le jeu des affaires, des achats, des rachats… les routes se croisent; il n’est pas rare de retrouver d’anciens collaborateurs chez un concurrent, ou de les voir devenir fournisseurs… et là encore, mieux vaut s’être quittés en terme courtois la veille pour ne pas faire obstacle aux échanges commerciaux du lendemain.

Côté salarié, quel que soit le poste, la configuration, l’expérience, le passage par la case « sortie » n’a rien d’agréable. Qui plus est lorsqu’on y passe et repasse à plusieurs reprises. Echec, colère, remise en question, inquiétude, culpabilité, sentiment d’inutilité… le chômage peut ouvrir les vannes d’émotions difficiles à vivre. 
Les professionnels de l’accompagnement voient arriver des gens dans des états psychologiques différents. Certains sont très diminués, au bord de l’abîme. D’autres moins atteints, légitimés, donc plus sûrs d’eux.

Bien souvent, à leur arrivée, les bénéficiaires sont dans l’urgence bien compréhensible d’un retour rapide à l’emploi. Mais il est aussi important de prendre un temps de travail de «digestion », de deuil, nécessaire au nouveau départ.
«J’étais cadre dans une industrie, raconte Frédéric accompagné par des Ressources et des Hommes, j’avais négocié mon départ à la suite d’une opportunité. Mais ça n’a pas pu aboutir et donc je me suis retrouvé sans travail. C’était une situation critique: je venais de faire construire ma maison, j’avais trois enfants à charge et j’étais le revenu principal! Tout s’écroulait. Je quittais mon entreprise avec de beaux projets, je pensais progresser, et au final: le black-out. C’était terrifiant, j’avais l’impression que ce que j’avais mis 20 ans à construire allait s’ écrouler en quelques jours. Au final, j’ai retrouvé un poste en 3 mois, ça a été rapide. Mais c’était l’angoisse totale. »

Dans un cas comme celui-ci, le bénéficiaire a commencé par travailler sur ses freins, ses expériences passées jugées négatives, tout en avançant de manière simultanée sur son CV, ou sa lettre de motivation. «Quand je commence mon outplacement je suis psychologiquement et moralement un peu abîmé, poursuit Frédéric. La première rencontre  m’a fait l’effet d’une sorte de «thérapie », ça m’a permis d’ exorciser les choses et d’évacuer tout ça. Ça m’a vraiment permis de souffler. » A raison d’un ou deux par semaine, selon la structure qui propose l’outplacement, ces entretiens ont pour objectif rapide et opérationnel de comprendre, puis de dépasser le point de blocage, et de se mettre en sécurité. Sont aussi abordées les questions de motivation, d’envie, d’appétence pour le poste envisagé. C’est aussi en cela que cet accompagnement est utile. Il donne un cadre pour faire le point, redéfinir ses envies et son projet professionnel, envisager une reconversion, une création d’activité, une réorientation… «Il fallait que je trouve une réponse aux questions que je me posais, dit-encore Frédéric. Est-ce que je ne suis pas responsable de ce qui m’ arrive? Est-ce que je n’ ai pas poussé le bouchon un peu trop loin? Est-ce que je n’ ai pas été trop rapide dans mon choix ? Et puis, je me posais aussi la question de mes compétences. Est-ce qu’elles sont celles dont on a réellement besoin pour ce job ? Ça faisait 18 ans que je travaillais, j’avais beaucoup bougé, je me demandais si je n’avais pas une sorte « d’instabilité professionnelle », à vouloir changer comme ça tout le temps. On a beaucoup travaillé là-dessus. J’ai compris que j’avais besoin de cela, de challenge, de changement… Je me suis aussi posé la question de mon appétence pour le métier. A l’aide de tests, d’ entretiens…, j’ai compris que oui, j’étais bien dans ce que je faisais. »

Dans la panoplie d’outils déployée pour accompagner une personne, l’on peut retrouver les outils « classiques » de recherche d’emploi, et d’autres qui le sont moins. Il va de soi que les CV et lettres de motivation sont remis d’aplomb lorsqu’ils en ont besoin. Derrière la problématique du CV, se pose en creux la question du positionnement professionnel sur le marché. L’expérience d’un consultant permet un éclairage intéressant et pertinent pour évaluer quelles compétences, expériences sont à mettre en avant, pour être en adéquation avec les attentes de l’entreprise et les nécessités d’un poste, par exemple. La question des réseaux sociaux professionnels peut être investiguée, si cela semble utile. Mais c’est surtout le travail sur l’activation de son propre réseau qui est à investir. Comment le mobiliser? Le redécouvrir? S’autoriser à aller interpeller untel, et trouver la bonne porte d’entrée pour le faire?
Chemin faisant, le bénéficiaire est amené à travailler sur les thématiques de communication interpersonnelle, ce qui permet de revisiter son mode de fonctionnement, d’envisager un autre positionnement dans la relation. Trouver la juste distance relationnelle, celle qui donne de traverser les situations inconfortables à fort enjeu ou conflictuelles dans la sécurité. La prestation d’outplacement prend aussi des allures de training, en travaillant la simulation d’entretien d’embauche. La mise en lumière des points forts sur lequel le bénéficiaire va pouvoir s’appuyer pour être efficace, souple, et pertinent en entretien est très importante. Et les aspects plus fragiles ou piégeux dans la communication du bénéficiaire sont mis à jour pour être travaillés eux aussi.

Frédéric met le doigt sur le bénéfice secondaire de l’outplacement, quand il raconte comment cela l’a aidé à s’extraire de la posture compliquée du « demandeur d’emploi ».
« Pour être honnête, l’outplacement  a été indispensable. Je me suis senti accompagné. Si je n’avais pas consulté, j’aurais passé trois mois à la maison, sans soutien, sans rien… ça aurait été bien plus difficile. Mon accompagnement, même s’il a été court, m’a permis d’avancer et de reprendre un nouveau job avec sérénité. Parce qu’il y avait aussi une période d’essai à traverser! Et avec tout ce qui s’était passé avant, ça aurait pu être très compliqué. » 

Chez des Ressources et des Hommes, depuis presque 20 ans, notre mission consiste à « prendre soin des femmes et des hommes de l’entreprise », comme le dit notre baseline. Basés à Reims, nous accompagnons les acteurs de l’entreprise tout au long de leur parcours, au gré des mutations, des changements et autres virages plus ou moins brusques qui jalonnent la vie des salariés, des dirigeants, et de leurs structures. Nous sommes là du début à la fin. Du recrutement à la sortie, que celle-ci s’appelle retraite, départ volontaire ou licenciement. 

Depuis plus de10 ans que nous proposons cette prestation, nous avons accompagné des dizaines de personnes.
Nous proposons un suivi sur-mesure, grâce à notre savoir faire puisé notamment dans notre pratique du bilan de compétences, dans l’accompagnement des salariés en formation, en coaching, de l’aide à la création d’entreprise.
Nous avons en interne des compétences complémentaires, liées aux profils variés des consultants. L’équipe est composée de psychologues, de formateurs, de coachs, et d’une actrice.
Il y a évidemment plus d’une façon de concevoir l’outplacement. La nôtre nous offre le luxe du sur mesure. Nous y sommes attachés, car à travers cette prestation, c’est l’exercice d’une mission en lien avec des valeurs fortes qui est à l’oeuvre pour nous.

Il se peut qu’une attention respectueuse et correcte de l’employeur au moment des aurevoirs avec un collaborateur, quand bien même son départ est un soulagement; une petite touche de bienveillance qui préserve l’avenir, ce soit finalement participer à la construction d’une employabilité flexibilité plus humaine, responsable et citoyenne. 

Et pour le salarié, c’est la possibilité de dépasser l’obstacle, transformer l’échec en opportunité, et comprendre comment, peut-être, « le travail que j’ai perdu m’a aidé à trouver celui que je devais faire. » 

L’équipe des Ressources et des Hommes.